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Publié le 7 Juillet 2008
L’histoire dramatique de l’enlèvement du comte d’Eberstein dans sa maison de Frauenberg, est rapportée dans une lettre du sieur de l’Isle adressée à Monsieur Guron. Il prétend que le duc suédois
de Birkenfeld a fait enlever au matin le comte d’Eberstein en robe de nuit. Ensuite les hommes de main du duc pillent et dévastent le château ne laissant à la comtesse sa femme, qu’une chemise.
Monsieur de L’Isle est navré pour le comte « car celui-ci n’a jamais eu de démêlés avec monsieur de Lorraine et sa maison ayant toujours été à la dévotion de la France ».
Le récit rapporté par monsieur de L’Isle place ainsi le duc de Lorraine en victime, des cruautés commises sur son sol par une armée étrangère.
Des recherches récentes dans les archives nous éclairent un peu plus sur ce triste enlèvement. Deux lettres, du 31 juillet et du 8 août 1633, adressée au duc de Lorraine par la comtesse
Eberstein, donnent une autre version de l’affaire. « Ce matin très tôt, une troupe de soldats lorrains à pied ont envahi secrètement le château de Frauenberg. Ils ont défoncé les portes et
armoires ; ont pris tous les habits, argent et argenterie. Ils ont emporté plusieurs têtes de bétails et chevaux. Ils ont fait prisonnier son cher mari très âgé et handicapé. Il a été jeté
de son lit tout nu, sans habit et sans bottes, pour le placer sur un cheval aveugle et sans harnachement ». Ensuite les soldats emmènent, le comte dans leur quartier, en direction de
Puttelange.
Dans les faits, la nouvelle transmise par monsieur de L’Isle dans sa lettre (16 août 1633), sur le rapt du comte d’Eberstein, est tout autre.
Sur fond de conflit religieux et politique, la troupe lorraine a procédé de la sorte pour châtier le comte d’Eberstein, de confession luthérienne. Pour cause, les deux fils du seigneur de
Frauenberg s’étaient engagés dans l’armée suédoise en lutte contre l’autorité des Habsbourg partisans d’une restauration catholique dans l’Empire. Il a fallu 375 ans pour démêler le vrai du faux
et rétablir la vérité historique.